Février 2009 - Maria Pierret était l'invitée du mois dans le Bulletin communal de La Roche

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Le Bulletin Communal de La Roche avait choisi Maria Pierret comme "Invitée du mois".

Une belle publicité, et aussi une belle rencontre avec le passé de la ferme.

Voici le texte de l'article.



En restaurant l’ancienne ferme de ses grands-parents à Maboge, Maria PIERRET a voulu offrir une nouvelle vie à ce bel édifice du siècle dernier.

Depuis près de 9 ans, elle partage sa passion pour l’art et la culture en nous invitant à découvrir différents artistes de la région et d’ailleurs dans ce cadre chaleureux de pierres et de charpentes apparentes devenu… SILLON D’ART.

Rencontre…

Madame PIERRET, pouvez-vous nous relater votre parcours en quelques mots ?

Il y a vingt ans cette année, je débutais les travaux de rénovation de la ferme construite par mon grand-père paternel Victor Pierret (1855-1940) quelques 120 ans auparavant. C’est aussi l’année, le mois même, de mes 75 ans. Double anniversaire.

J’ai commencé ma vie professionnelle comme institutrice. Grâce à une licence en pédagogie à la KUL, j’ai pu devenir responsable de la formation de futures institutrices à Pesche, diriger une école secondaire et travailler comme conseillère dans un bureau national d’enseignement à Kinsasha (Zaïre), assurer un poste d’expert dans un comité international de promotion humaine à Rome ainsi que dans un centre européen pour le développement de la formation professionnelle à Berlin. Dans ces deux dernières villes, ce fut, par immersion, l’éveil du goût des arts.

Mes activités professionnelles comportaient beaucoup de voyages. Ces diverses missions ont constitué un puissant facteur d’évolution personnelle et de formation continue.

Après vingt ans à Berlin, j’ai posé mes valises à Maboge. Avec le SILLON D’ART, je voyage à nouveau… dans des sphères artistiques cette fois.

Pouvez-vous nous préciser les différentes étapes qui ont conduit à la création du projet Sillon d’Art ?

Suite au décès de l’oncle Louis en 1980 et en 1982 de la tante Alice, la ferme familiale a été mise en vente publique. En l’achetant, le 28 août 1982, ai-je été marquée par son imposante beauté* ? Ai-je été concernée par le fait que nous la devions à l’élan vital de notre aïeul ? Ai-je été émue par le souvenir des vacances et des séjours à la ferme à Maboge durant l’enfance et l’adolescence ? Je fus, c’est certain, encouragée par les membres de ma famille à peu près tous rassemblés le jour de la vente.

* Elle est mentionnée au « Patrimoine Monumental de la Belgique Vol. 7 (Luxembourg/Marche-en-Famenne), Ministère de la Culture française, Ed. Soledi Liège 1979 p. 259

L’idée de la vouer à la culture, d’y amener des artistes et du public, n’est venue que plus tard, un matin de printemps 1995, sans doute à la sortie d’un beau rêve. De l’agriculture à la culture, un nouveau destin pour la vieille ferme et un nom pour sa nouvelle vie « SILLON D’ART ». Cette appellation SILLON D’ART, je l’ai choisie parmi beaucoup d’autres qui me trottinaient dans la tête. Elle exprimait au mieux mon objectif et mes motivations, avec la continuité passé, présent, futur.

Chantier après chantier, le bâtiment a pu être ouvert au public en août 2000 lors d’une inauguration festive en présence des autorités communales. Le Député-Bourgmestre Jean-Pierre Dardenne a souligné à cette occasion la réussite de la rénovation (Arch. F. Simon).

Ainsi, depuis 2000, de petits éclats d’art sont mis en lumière, 6-7 fois par an. Chaque événement musical est assorti d’une exposition de tableaux avec aussi parfois des sculptures. Une deuxième partie littéraire peut figurer au programme. Bref, un mixage heureux, une hybridation vivifiante dont les éléments entrent en résonance les uns avec les autres, très loin d’une production en série.

De quelles infrastructures disposez-vous aujourd’hui ?

Les événements se déroulent à l’étage, le haut de l’ancienne grange, sous le toit, où 80 personnes peuvent trouver place. Au rez, un grand salon pour quelque 30 personnes et une cuisine professionnelle. Tant à l’étage qu’au rez, les murs de schiste sont parfaits pour les expositions.

Le nouvel orgue

La possibilité de recevoir des pianistes professionnels, de diversifier davantage la programmation a été accrue par l’acquisition d’un piano Grotrian-Steinweg et d’un orgue avec cinq jeux (flûte, bourdon, doublette,…) du facteur d’orgue Etienne Debaisieux. L’orgue, parfaitement calibré pour la salle, en rehausse le prestige, la magie. Il sera inauguré sous peu en présence d’un public d’invités du SILLON D’ART. La préparation de cet événement majeur est en cours. Dans le futur, nos programmations musicales feront la part belle à ces deux instruments.

Quels critères retenez-vous pour choisir les artistes qui exposent ou se produisent dans vos salles ?

Au début, nous avons accueilli des artistes locaux. Le peintre WILLOOS, René Lejeune, à l’époque Doyen à La Roche, nous en a fait connaître plusieurs. Par exemple, un photographe à Bérismenil, un sculpteur à Hives, un flûtiste à St Hubert, deux écrivains à Bastogne.

Ensuite, de proche en proche, le cercle des artistes s’est élargi. Par ailleurs, l’exploration de l’offre régionale a permis d’en découvrir d’autres. A présent, de plus en plus d’acteurs culturels proposent leur projet. L’important est de trouver des programmes qui soient bien adaptés à la configuration des lieux. Comme le but est d’apprécier diverses formes d’expression culturelle, des musiciens de jazz comme de musique classique, des photographes comme des sculpteurs, des peintres comme des bijoutiers, sont les bienvenus. Quatre critères nous guident. Le programme est-il adapté ? Représente-t-il une découverte intéressante ? Le cachet demandé est-il dans nos moyens ? L’artiste a-t-il le sens du partage ?

Comment se déroule l’organisation d’une exposition ou d’un concert ?

L’organisation relève d’un travail collectif. Dès 2000, une équipe déterminée se met en place, des proches, des bénévoles. Michel (Nisramont) conçoit une affichette aussi simple que belle et efficace. Marieke (Melreux), la fée des lieux, s’active à toutes les étapes du processus, et à l’accueil Christine et Nadine (Marche), deux présences souriantes et efficaces. Nik et Daniela, un couple mélomane (Hubermont), assurent les entrées. Pierre, psychologue et informaticien (Erpent), avec bonne grâce, crée et met à jour le site Internet (http://users.swing.be/sillondart). Les événements du SILLON D’ART trouvent peu à peu place dans les petits comme dans les grands journaux et, depuis toujours, de manière professionnelle et fidèle dans le bulletin communal. Depuis peu, d’autres sites Internet relayent les informations et publient des photos (http://www.coeurdelardenne.be/ et http://www.luxbel.be/).

Quel est le profil de vos « visiteurs » ?

Les visiteurs de « nos sillons » qui viennent de 40 km à la ronde, et parfois de plus loin, placent la culture dans leur emploi du temps. Ils se font du bien. Ils viennent en famille ou en compagnie d’amis, de connaissances. Entre l’équipe, les artistes et ces multiples adeptes de la curiosité culturelle, des liens se tissent, des réseaux d’amitié s’établissent. N’est-ce pas in fine ce que la culture nous apporte de meilleur ?

Trouvez-vous que l’on s’intéresse encore suffisamment à l’art et à la culture aujourd’hui ?

Ma réponse est oui. Les gens sont magnifiques. Dans nos communes et leurs nombreux villages, les divers acteurs organisent nombre d’activités en vue de découvrir la nature, les traditions, le petit ou le grand patrimoine local. Cela n’est-il pas aussi culturel ? Le public ne répond-il pas présent malgré la multitude des sollicitations ?

Comment définiriez-vous le " bon art " ?

Je ne suis pas compétente pour donner une définition du « bon art ». A mon sens, l’art est en création permanente. Il fait partie de la vie humaine depuis la nuit des temps. Renouveler les codes du beau, c’est faire advenir de l’art.

Lors d’une exposition, un tableau, une photo, une sculpture, me touche, m’interroge. Un « quelque chose » qui émane de l’ensemble de l’œuvre. L’analyse des éléments renforce l’impression de beauté et m’amène dans un dialogue avec l’œuvre. Il n’est pas impérieux que je l’achète. Lors d’un concert au SILLON D’ART, c’est tout un monde qui écoute, vibre. Mais je pense avoir une émotion propre supplémentaire parce que c’est « chez moi », parce que le rêve s’accomplit.


Quel est le programme des activités pour ces prochains mois ?

Dans l’immédiat, la tâche est de préparer les rendez-vous pour l’année 2009-2010. Pour le programme 2008-2009, encore deux grands événements et une exposition. Le samedi 4 avril à 20h, Overoceans avec Mathilde Renault (piano, voix, composition), Caroline Shaw (violon), Stephan Pougin (percussion), Arne Van Dongen (double bass). En fin de saison, le samedi 13 juin à 20h, Maïté Fontaine (soprano) et Roberto Gutierrez (piano) présenteront des œuvres de Richard Strauss, Jongen, Poulenc, Fauré, Puccini, Léhar. L’exposition d’avril à juin est consacrée à l’œuvre de Martine Guisset. En 2010, le SILLON D’ART aura 10 ans. Il faut déjà penser à une grande fête …